viernes, 16 de marzo de 2012

Des notes sur le nationalisme

On define le nationalisme comme un attachement à la nation où dominent la fierté et l'honneur plutôt que le froid calcul de la raison ou les appétits les plus bas. On reconnaît dans ces mots la division tripartite de l'âme selon Platon: tête, coeur, ventre. Le nationalisme est une affaire de coeur.

"Le mot nationalisme apparaît pour la première fois sous la plume de l'abbé Barruel, ennemi juré des jacobins et de la révolution conquérante:

(1798) - «Le nationalisme prit la place de l'amour général ( ... ) Alors, il fut permis de mépriser les étrangers, de les tromper, de les offenser. Cette vertu fut appelée patriotisme. Et dès lors, pourquoi ne pas donner à cette vertu des limites plus étroites? Ainsi vit-on du patriotisme naître le localisme, l'esprit de famille et enfin l'égoïsme.» (
Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, tome 111, p. 184)

Cependant, le mot ne se généralise pas avant la dernière moitié du 19
e siècle.

(1856-60) - (Nationalisme:) «Néologisme. Préférence exclusive pour tout ce qui est propre à la 
nation à laquelle on appartient.» (Dictionnaire de Poitevin).

Et l'on cite un texte de 
Berlioz: «Les idées étroites de nationalisme paraissent à tous les esprits droits d'un ridicule infini.» Cette teinte péjorative demeure longtemps chez les éléments d'élite de la société qui lui préfèrent le mot «patriotisme». Néanmoins, l'appartenance première de l'homme occidental, depuis la fin du 18e siècle au moins, s'identifie au «pays», à la «nation»."

John E. Hare, Pays, patrie, nation

Enjeux

Le discours sur le nationalisme sombre facilement dans l'égarement des contraires, cette faute logique et morale consistant à ignorer l'un des termes de la contradiction présente dans toutes les situations réelles. En ce moment, au début du troisième millénaire, le débat sur le nationalisme se confond avec le débat sur l’identité. Le nationalisme identitaire est l’objet d’une telle réprobation qu’on en vient à oublier les aspects positifs de l’identité. Égarement des contraires! L’heure est venue de réhabiliter l’identité.

On a tendance aujourd’hui, du moins en Europe et en Amérique, à préférer la diversité à l’identité, même lorsque la diversité prend la forme d’un multiculturalisme pur.Nietzsche avait aperçu ce danger: «Tous les temps et tous les peuples jettent pêle-mêle un regard à travers vos voiles; toutes les coutumes et toutes les croyances parlent pêle-mêle à travers vos gestes.

Toutes les époques déblatèrent les unes contre les autres dans vos esprits; et les rêves et les bavardages de toutes les époques étaient plus réels encore que vos veilles!

Vous êtes des hommes stériles: c'est pourquoi vous manquez de foi. Mais celui qui devait créer a toujours possédé ses rêves véridiques et des étoiles, – et il a eu la foi!»
(Ainsi parlait Zarathoustra , «Du pays de la civilisation»)

Qu'est-ce que Athènes au Ve siècle av. J.-C., Florence au XIVe siècle, Paris au XVIIe ont en commun? Le style, l'unité, l'identité. Qu'est-ce que SophocleDante,ShakespeareGoethe et Hugo ont en commun? Le style, l'unité, l'identité. Dire à une personne qu'elle a de l'identité, du quant à soi, est le plus beau compliment qu’on puisse lui faire. Il faut rappeler ces évidences pour réhabiliter le sentiment d'identité, trop souvent réduit à sa caricature primaire. 

Si le discours identitaire déraille dès lors qu'il légitime le tribalisme agressif, le discours anti-identitaire déraille à son tour quand il incite au mépris de l'identité. Il faut pouvoir penser simultanément l’aspect positif et l’aspect négatif de l’identité et ne jamais négliger l’un au profit de l’autre. Plus on s’éloigne de la contradiction, plus il y a de chances que le sens de limite ne soit pas respecté.

Essentiel

Il doit y avoir proportion entre la puissance créatrice ou unificatrice d’un individu ou d’une collectivité et la variété des éléments qui doivent entrer dans la synthèse. Lesorganismes vivants sont ici le modèle: ils demeurent vivants aussi longtemps que le principe d'unité en eux impose une limite à la diversité. À la mort cette limite disparaît et la vie se dissout dans la pure diversité de ses éléments constitutifs. Ainsi en est-il des cultures qui, surestimant leur puissance créatrice et unificatrice, accueillent plus d'éléments nouveaux qu'elles ne peuvent en assimiler.


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